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 Lettre ouverte à Monsieur Jean-Pierre Raffarin

Novembre 2003

                                                                                                Perpignan le, 30 octobre 2003

 

Objet : le projet de loi concernant la protection de la famille et de l’enfance.

 

Monsieur le Premier Ministre, 

C’est avec un intérêt soutenu que j’observe le projet de loi touchant particulièrement les délits sexuels sur mineur. J’ai appris, avec une certaine inquiétude, que le Sénat avait reporté son vote en vous demandant une étude complémentaire sur l’imprescriptibilité du délit de pédophilie.

 

Permettez-moi, Monsieur le Premier Ministre, de vous adresser certaines suggestions et observations.

 

1 - Etre attentif à l’écoute de la souffrance

 

Je ne doute pas que les commissions de loi des  chambres aient consulté bon nombre d’experts, mais je regrette que l’on ait pas entendu certaines familles de victimes. Elles n’auraient pas manqué de leur parler au cœur à cœur quant à la nature vécue d’une telle tragédie.

 

Je souhaiterai que pour l’avenir de cette réforme les familles des victimes aient priorité sur les experts (sans s’arrêter aux seules associations), car personne n’est malheureusement mieux placé qu’elles pour parler d’un sujet qui doit être compris de l’intérieur. Ce serait là une marque d’humanité que de les entendre et un acte moral d’importance pour elles qui ont à subir, après même un jugement positif, une sourde mise à l’index social et ce, dans tous les milieux.

 

2 - Diagnostique des points à réformer  

La réforme imposée par des évènements tragiques qui nous rappellent la fragilité de la nature humaine et, qui devraient par ce même malheur nous débarrasser des vestiges contraignants et pollueurs des idéologies, doit faire l’objet d’une attention humaine exigeante et s’étendre à plusieurs aspects des problèmes posés par la nature d’un tel délit.

 

En effet, il me semble important de revoir la méthode procédurale qui part du dépôt de plainte au jugement.

 

3 – Présence compassionnelle  

1) – Il faudrait que se trouve, dans les locaux du commissariat, un représentant d’une association d’aide aux victimes, de façon à ce que celles-ci puissent à la sortie du dépôt de plainte être prises en charge psychologiquement, voir médicalement orientées.

a) - Entre le moment où les parents sont informés, toujours partiellement, de l’agression  subie par leur enfant et la sortie du commissariat, un monde terrible s’est ouvert, un abîme de désolations aux aspirations suicidaires qui les immobilisent. Ils ne peuvent d’eux-mêmes faire des démarches d’aide. 

b) - En effet, un sentiment de honte et de culpabilité les envahit, aliénant momentanément pour une période dépendant du caractère des personnes, leur motricité mentale comme physique. Et par la suite, il leur est bien difficile de faire cette démarche d’aide, s’ils n’y sont pas encouragés par une démarche extérieure mais trop tardive.

 

4 – De l’œuvre de justice

a) - Dans l’action procédurale, dans le cas de ces délits, il faut envisager une réforme concernant les témoins. Il n’est pas acceptable que des témoins cités par l’accusation puissent se dérober. Leur convocation à témoigner doit avoir un caractère obligatoire.

 

b) - D’autre part, il semble important d’aggraver les  sanctions contre les responsables de diffamation qui ne manquent jamais tant envers les victimes et leur famille qu’envers les suspects.    

c) – Pour ce qui est du jugement et quelle que soit la gravité de la faute : délit ou crime, le lieu de la justice doit être un instant privilégié pour que puissent s’y exprimer, sans condition de temps, les victimes et leur famille. Ce point, comme ce qui précède ce moment, contribue à plus de 50% à la guérison des victimes et de leur famille, car c’est le lieu et le moment où, tout autant que l’énoncé de la sentence, chacun se trouve rétabli dans la vérité, dans sa dignité. Il faut donc que le tribunal comme la cours se donnent le temps tout le temps pour l’expression de la parole.

 

C’est aussi très important pour les coupables, car cette période peut être déterminante pour leur rétablissement qui passe par une prise de conscience de la gravité morale de leur faute.

 

5 – Le problème de l’imprescriptibilité du délit et crime de pédophilie

a) - Monsieur le Premier Ministre, s’il convient à la justice de définir une gradation qui lui permet de qualifier une faute en crime ou en délit, il faut que le législateur ait sur la nature de cette faute une juste appréciation des conséquences.

Soyez convaincu, que dans cet ordre de faute les conséquences premières et secondaires du délit ou du crime sont strictement les mêmes. Qu’il y eut viole ou pas, meurtre ou pas ou simplement attouchement, je vous le dis, en vérité je vous le dis, les conséquences psychologiques, morales, sociales, affectives sont les mêmes.

 

Voilà pourquoi, Monsieur le Premier Ministre, en ma qualité malheureuse de père d’une victime, j’affirme avec force qu’il ne doit se trouver aucun échappatoire, aucun refuge, aucun sanctuaire, aucun lieu de repos pour les auteurs de tels délits et crimes.

 

 

b) - L’imprescriptibilité pour ces délinquants là est une exigence morale et sociale, surtout que maintenant avec les techniques nouvelles, on peut organiser à grande échelle une association criminelle de nature sexuelle.

La France, Monsieur le Premier Ministre, s’honorerait en proposant aux instances européennes l’extension à son espace de cette réforme et, il sera alors plus facile de la faire admettre aux instances « Onusiennes », et qu’importe l’opposition des U.S.A. habitués du genre. Cette démarche aiderait sans aucun doute les pays en voie de développement particulièrement démunis face à ce genre de délits et crimes.

6 - Du crime contre l’humanité 

Il ne serait pas trop sot de s’interroger aussi sur la requalification nécessaire quand ce genre de délit et crime est organisé par une structure asociale ou selon l’extrême gravité des faits.

On devrait le requalifier en crime contre l’humanité, car la nature de ce fléau porte atteinte au cœur même de la dignité de la personne, bien plus quand il s’agit d’une enfant. La blessure portée extérieurement n’est rien quant aux conséquences intérieures.

7 - Le rôle des médiats écrits et audio-visuels 

a) - Si le droit à l’information fait parti intégrant des principes de liberté et de dignité, si la liberté de presse doit absolument être sauvegardée et défendue, il convient d’imposer aux médiats une autre attitude pour l’information des délits et crimes de nature pédophile ou de toute forme de maltraitance de l’enfance.

 

Certains épisodes, je pense à l’affaire de pédophilie du Pas de Calais, mais aussi à bien d’autres, doivent être banni à l’avenir. Il n’est pas normal que les médiats audio-visuels se comportent sur ces drames comme des pornographes, comme une situation de voyeurisme, comme des plats fins que l’on se repasse pour la satisfaction d’un appétit insatiable.

 

b) - Non, Monsieur le Premier Ministre, une telle pratique ne rend service ni à la justice, ni aux victimes, ni aux témoins, ni mêmes ne favorise la guérison, le rétablissement des coupables qui, même si leurs actes sont abominables, n’ont rien perdu de leur dignité d’homme.

Tous ont le droit au respect et la douleur plus que tout.

 

 

c) - Il importe donc, Monsieur le Premier Ministre, que le législateur envisage une loi pour contenir les infâmes appétits commerciaux d’une presse quotidienne qui sort trop souvent pour ces affaires là, de sa dignité, de sa respectabilité.

Elle exaspère ceux qui soupirent après une restriction de ses libertés.

Il faut que la liberté de la presse s’accompagne obligatoirement du respect de la personne, il ne peut y avoir de liberté sans considérations morales de sa pratique. Et, Monsieur le Premier Ministre, la liberté ne dispense personne de l’obligation à la charité.

 

8 – De la politique de prévention 

Monsieur le Premier Ministre, je veux également porter votre attention sur les campagnes de prévention contre ces délits et crimes.

a) - La dernière campagne orchestrée par le gouvernement précédent fut à mon sens une campagne d’autosatisfaction, un rachat de conscience bien chèrement payé par le contribuable et profondément anti-pédagogique.

b) - Malgré la qualité technique et artistique des courts métrages publicitaires qui l’illustraient, elle n’en demeure pas moins un non-sens pédagogique, même si dans le mois qui la suivit, on constata un accroissement d’informations. Comme pour les élèves du primaire, on n’expose pas le regard aux méthodes fautives diverses et variées.

 

c) - Pour ce problème dramatique qu’est la pédophilie, ce genre de campagne est contre productif. Il faut le concevoir non pas national mais régional, et faire appel aux associations, aux professionnels, aux gens de terrain qui sauront mieux que tout autres l’adapter aux réalités.

Il doit être ciblé, la campagne sera plus productive et beaucoup moins coûteuse, on devrait tenir compte du nombre et de la qualité des délits et crimes par région judiciaire.

Tous les corps intermédiaires, y compris les institutions religieuses, doivent y être associés.

Les campagnes  ne doivent pas seulement porter sur le corps de l’infraction mais aussi tenir compte des effets directs et indirects que de telles fautes génèrent.

9 – Considérations générales sur la politique familiale 

a) - Monsieur le Premier Ministre, l’accroissement des actes portant atteinte à l’enfance et à la famille révèle la descente vertigineuse de nos sociétés et de la civilisation qui les porte et qu’elles-mêmes génèrent.

Ce constat doit nous amener à une réflexion courageuse et lucide sur les facteurs qui ont amené cette situation et donc une remise en cause de certaines décisions politiques qui ont failli à leur rôle à leur mission.  

b) - On ne peut, comme certains ministres du gouvernement précédent et quelques personnalités de la majorité actuelle, s’en prendre si légèrement aux parents qui, pour ce qui est de ma génération et que dire alors de celles qui me suivent, n’ont pas forcément reçu les moyens de leur mission et de leur charge et, en même temps autoriser des pratiques contre la loi naturelle. Il n’y a pas de précédent qu’un pouvoir politique ait eu légitimité à autoriser le mal, le mal en soi…

  

c) - On ne peut tout à la fois exiger des parents qu’ils reprennent leur rôle d’éducateur et exposer leur descendance aux appétits les plus désordonnés qui se soient trouvés depuis le début de toute civilisation.

  

d) - Il faut que le politique assume l’incohérence de ses décisions ou qu’il reconsidère celles-ci à la lumière des résultats produits par ses incohérences. Il y va de la légitimité du pouvoir politique et institutionnel.

 

e) - Depuis la fin de la seconde guerre mondiale aucun gouvernement n’a eu le courage politique d’une vraie mise à plat de la famille et n’a réellement initié une politique courageuse en la matière.

 

 

f) - Il me semble, Monsieur le Premier Ministre, que les propositions de Madame la députée Christine Boutin vont dans le bon sens.

Il faut revaloriser le rôle éducatif du conjoint qui reste à la maison pour l’éducation des enfants. Jamais on ne remplacera le parent pour ce rôle au combien noble et éminent.

 

Monsieur le Premier Ministre, ma démarche aura sans doute beaucoup pris de votre temps, mais quel parent ne ferait de même après qu’il eut à passer par un enfer si brûlant et glaçant ?

 

Je vous prie donc, Monsieur le Premier Ministre, de voir dans ma démarche non pas seulement celle d’un citoyen ordinaire, mais un père meurtri qui s’adresse à un autre père heureusement épargné par ce genre d’épreuve. Je vous sens trop gentilhomme pour douter de votre sensibilité à la nature de ce genre de drame et trop père pour ne pas comprendre et ressentir l’espérance naturelle que tout père, tout parent mette entre vos mains.

 

Pardonnez le temps que je vous aie distrait de votre charge et croyez, Monsieur le Premier Ministre, à mes considérations respectueuses et élevées. 

PIERRE AUBRIT 

 

P.S. J’adresse copie de cette lettre aux Présidents des deux Chambres.

Pour plus d’informations, je vous invite à consulter le site : http://mauditepedophilie.free.fr

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