Pierre-Charles
Aubrit Saint Pol
Le pape Jean-Paul II
demande que l’on réfléchisse à la possibilité de requalifier le crime de
pédophilie, en crime contre l’humanité, en raison du développement des réseaux
de prostitution. C’est une demande justifiée. Nous savons, qu’en dehors des
malades mentaux, la plupart des pédophiles sont de vrais pervers, des pervers
structurés, intelligents. Ils ont une volonté de détruire ce qui est le plus
beau don de la vie, l’enfant. Le pédophile est un monstre aussi cruel que les
tortionnaires de tout horizon. Son agression est une atteinte absolue à la dignité
de la personne, à l’intégrité du corps. C’est pourquoi le pape voudrait qu’un
tel crime soit requalifié en crime contre l’humanité afin que leurs auteurs ne
puissent échapper à l’œuvre de la justice. Tout criminel impuni continuera de
répéter ses actes d’autant plus qu’il aura le sentiment de l’impunité. Voilà
pourquoi l’auteur de tels faits ne doit trouver de répit dans aucun pays.
Il est souhaitable que
cette demande soit entendue et qu’elle face l’objet d’un consensus. L’un des
résultats de cette requalification serait psychologique, il ferait comprendre
l’existence d’une volonté commune pour poursuivre ces criminels et témoignerait
d’une prise de conscience universelle de ce fléau.
Les délits, qui concernent la morale sexuelle, sont
toujours une source de grandes souffrances, car ils touchent à l’intégrité de
la personne, qu’il s’agisse d’agression ou de consentement comme la
prostitution des adultes. Dans tous les cas, il y a atteinte physique, morale,
psychique, ces atteintes sont un moteur de désagrégation de la personne. Tuer,
torturer et agresser sexuellement sont des crimes, des actes définitifs. Ils
sont l’aboutissement d’un délabrement intérieur. Le regard à poser sur ces
victimes et leur entourage doit être, non seulement celui de la compassion,
mais surtout ne pas être celui de la peur, ni accusateur. En général, il faut
s’abstenir de tout jugement, mais pour les agressions sexuelles il faut
l’appliquer impérativement, car tous ceux, qui en sont touchés, ont besoin de
sollicitude. Soyez respectueux de leur souffrance, vous êtes au seuil d’un
mystère, n’en franchissez pas le sanctuaire sans y être invités, il ne vous
appartient pas d’en ouvrir les portes. Pleurez avec eux, soyez muets s’ils se
taisent, soyez simplement là pour que dans leur chute ils trouvent votre
sourire. Ne craignez pas de regarder ce fléau en face, il révèle la misère de
l’être humain. Il nous renvoie, plus qu’aucun peut être, à la
condition humaine, qui est d’être constamment en but au choix entre le bien
et le mal, le dramatique et douloureux exercice du
libre arbitre. L’homme est, de tous les vivants, le plus beau, le plus grand,
il ne faut pas douter de ce qu’il est. La liberté, qu’il possède autant qu’il
en est possédé, certifie sa grandeur, authentifie sa majesté. Malheureusement,
nos sociétés perdent les appuis sur lesquels elles devraient pouvoir activer
ses régulateurs, permettant à tout citoyen de mieux contenir ses faiblesses, de
résister aux succulences multiformes de la mort désespérée. Elles doivent
reconsidérer le regard qu’elles posent sur l’homme, l’accueillir comme il est
et non pas projeter sur lui un homme idéal, qui n’existe que dans les rêves et
les basses-fosses des amertumes et des médiocrités.
L’homme doit
reconquérir son être, redécouvrir la présence de son âme alors, il renouvellera
la grâce ineffable de son sourire. Sa dignité est plus grande que lui-même